« J’avais trop mal, je me sentais terriblement humiliée. » Rudy R, de Lanne, tente d’expliquer au tribunal les raisons qui l’ont poussé à commettre l’horrible acte de violence pour lequel il comparaît ce jeudi. Le 5 février, il a attendu Quentin L., à la sortie d’un restaurant de Juillan, avant de le frapper avec une batte de baseball.
« La victime a été grièvement blessée. Le médecin légiste a prononcé une incapacité totale de travail (ITT) de 45 jours », a rappelé le président. Fracture du tambour, mâchoire, hémorragie frontale… Le service neurologique de Purpan de Toulouse, à la demande de l’hôpital de Tarbes, donne des conseils sur le suivi au long cours de Quentin, qui souffre désormais d’une légère surdité et vision. Peut-être pour la vie.
La jalousie obsessionnelle
« Tu lui as dit la prochaine fois qu’il réfléchirait avant de voler les femmes des autres, n’est-ce pas ? Chuchotant, Rudy hoche la tête devant le tribunal et raconte l’origine de cette jalousie devenue obsédée. « Une nuit avant d’aller travailler, quand je suis entré dans le salon, ma femme a jeté son téléphone par terre. J’ai compris que quelque chose n’allait pas. Alors j’ai pris le téléphone et j’ai regardé à l’intérieur. » Il découvre une dizaine de messages échangés avec Quentin, client du restaurant où elle travaille. « Texte de tendresse où il s’agit avant tout d’une confiance de Madame sur son couple qui ne va pas bien. Et la sensation agréable de quelques baisers échangés. Rien de plus », contextualise Me Stéphanie Balespouey, représentante de la victime. Mais de quoi provoquer la rage chez Rudy, qui s’empresse de réveiller les enfants pour les emmener assister à la tromperie de leur mère. Sa femme met fin à son flirt, qui n’insistera pas. Seul Rudy rumine et essaie coûte que coûte de savoir qui est ce rival. Deux mois plus tard, il retrouve Quentin assis dans un restaurant de Juillan et commande une bière au comptoir jusqu’à ce qu’il soit sûr de son identité. Puis il attaque Quentin sur le parking, alors qu’il regagne son véhicule.
Une loi contre l’adultère
« Comment un homme sans arrière-plan en arrive-t-il à cela? » demande le procureur adjoint. « Parce que c’est très difficile de vivre avec. Il n’y a aucune loi qui permet de porter plainte pour adultère », proclame Rudy. « L’adultère n’est pas un crime. Heureusement, car nos tribunaux sont déjà assez exigus », poursuit le suppléant, qui réclame 24 mois de prison, dont la moitié est assortie de deux ans avec sursis. « Il a reconnu les faits et ne s’est jamais retiré de la justice. Il a perdu le contrôle et le regrette », se défend Me Maëva Sampaio. Si Rudy s’évade de prison, le tribunal le condamne à 10 mois d’assignation à résidence sous bracelet électronique, ainsi qu’à diverses interdictions et obligations de soins.