Depuis le 7 mars 2022, onze personnes ont…
Depuis le 7 mars 2022, onze personnes ont été traduites en justice par le tribunal d’assises de Gironde dans le cadre de cette expédition punitive. Ce jeudi 24 mars 2022, le tribunal a ressorti les albums photos et examiné les différents points de vue exprimés lors de la reconstruction judiciaire organisée deux ans après les événements. Chacun vivait et racontait la scène différemment. Comme au ralenti. Image après image. Geste par geste.
Tout commence à Podensac, avec un Camel Djanti drogué mais sur ses gardes. Cédric Pinet arrive premier le visage caché. « La porte s’est envolée », décrit-il. Il est accueilli par une batte de baseball qui change rapidement de propriétaire.
« Tétanisé sur place »
Romain Barillet est libéré. « Entre 15 et 20 battes de baseball », précise Cédric Pinet. « Beaucoup », sait Mathilde Raguenel, colocataire et ex de Kamel Djanti, surprise tout comme lui par cette intrusion nocturne. « Je ne les ai pas comptés dans le moment de panique », explique l’intéressé. Les places sont exiguës. Les coups sont si puissants que des secousses qui trahissent sa vitesse vont se retrouver dans le mur.
Un coup de feu entendu par un voisin a été entendu. Le ballon sort pour Cédric Pinet et David Authier. « C’est parti tout seul mais on s’est regardés, bloqués », pose le premier. « Ça nous a paralysés sur le coup », raconte l’autre. Mais pas encore fini. Cependant, tous deux disent qu’ils ont envisagé de s’échapper à partir de ce moment, sans mettre leur plan en action alors que les possibilités étaient nombreuses.
Kamel Djanti aurait menacé le commandement de représailles. « Il nous mettrait une équipe sur le dos », aurait déclaré Romain Barillet. « Du coup, il a pris une nouvelle passe de l’équipe de baseball », révèle Cédric Pinet. Du scotch, qui était resté sur la table basse depuis un paquet de drogue la veille, a servi à attacher Kamel Djanti, qui a été jeté à terre et de nouveau battu, selon Mathilde Raguenel. Une ceinture est passée autour de son cou pour le guider tandis que la jeune femme et Romain Barillet sont absents pour maquiller les pancartes sur un véhicule.
Ils embarquent, conduisent et séjournent dans une forêt. « Cédric Pinet a mis l’arme dans ma main, a tenu l’arme et ma main et m’a dit de pousser », jure Mathilde Raguenel qui affirme avoir été « coupable mais pas menacée », « sous pression ». Sa coaccusée assure qu’elle avait le sang froid prêt à tirer, qu’elle l’avait même offert. Romain Barillet indique qu’il est remonté dans la voiture dès qu’il a entendu un coup de feu. Tous les quatre se reprochent la fusillade et la tentative d’assassinat.
Souvenirs emmêlés
Les détails ne collent pas, l’improbabilité surgit, les incohérences surgissent. Mathilde Raguenel trouve les démentis « ridicules, c’est n’importe quoi ». « C’est comme ça que je m’en souviens », se défend David Authier. « Il faut faire plus confiance au voisin qu’à moi, vu l’état dans lequel j’étais », assure Romain Barillet.
Aujourd’hui libres et toxicomanes, les prévenus étaient à l’époque plusieurs toxicomanes et étaient sous l’effet conjugué de plusieurs drogues cette nuit-là. Entre suspense, transe et perception d’une réalité tronquée par la drogue, les souvenirs s’emmêlent.